August 11 , 2016

C’est un voyage dans le temps que l’on effectue à la Plage aux ptérosaures, rouverte depuis hier matin. De découvertes en découvertes, primordiales pour l’humanité, on a suivi le guide Alexandre Itrier.

L’impatience nous gagne avant de pénétrer dans le saint des saints de la vie jurassique sédimentaire, rouvert hier matin sur le site d’une ancienne carrière à Crayssac, au Mas de Pegourdy. Pourtant, tel un chercheur minutieux dans sa tâche, on tend l’oreille et on recontextualise ce lieu. Cette plage même, au bord de ce que l’on appelait alors la lagune d’Aquitaine. « Il y a 65 millions d’années, lors du crétacé, le niveau de la mer a disparu » et a rendu prisonnier dans le calcaire des instantanés de vie, relate Alexandre Ritier, 35 ans, responsable du projet de la plage aux… ptérosaures. Nous y sommes : le vertébré volant apparu au Trias il y a 230 millions d’années s’est plu dans le Lot.
Dimitri

À tel point que les 100 000 heures de travail abattues par les chercheurs (dont le paléontologue Jean-Michel Mazin du CNRS à l’université Claude-Bernard de Lyon) et étudiants après une vingtaine d’années n’ont pas fini de faire parler ces 1 400 m² de zone protégée de la lumière du soleil depuis 2010. Sur la piste de 4,50 mètres, Dimitri, baptisé ainsi par l’équipe scientifique, est un ptérosaure rhamphorhynchoïde1 qui a laissé de belles empreintes pour l’humanité. « Cette surface n’existe pas dans la littérature. Aucune empreinte jusqu’à maintenant n’avait été relevée contrairement au ptérosaure ptérodactyle. Nous sommes là dans une joaillerie, un dancing », s’exclame Alexandre Ritier. « On a Dimitri qui marche ici (il mime les pas, mais pas jusqu’aux quarante effectués) ; à côté, un crocodile qui nage dans très peu d’eau. Ce sont des détails qu’on n’a pas en principe en paléontologie. » Principale différence visible en lumière rasante sous les projecteurs : le rhamphorhynchoïde possède cinq orteils dont un à 90°, son congénère quatre.
Jurassic Park

« L’intérêt du gisement de Crayssac, à part le volet scientifique, c’est son côté dynamique », reprend Alexandre Ritier, confirmant ainsi la continuité des fouilles. Et citant un autre ptérosaure, star parmi les stars : Émile. En 1993, une publication décrivait le fait que ce ptérodactyle était quadrupède2. Conséquence mondiale, le film Jurassic Park 3 (2 001) s’en inspira et pu faire évoluer l’animal au sol. Plaisantin, Alexandre Ritier précise : « J’ai vu les images du prochain Jurassic Park. On n’a pas la même vision du ptérosaure. » Là ne s’est pas arrêtée la renommée de la Plage aux ptérosaures : National Geographic avait tourné deux longs-métrages en 2004 et 2011. Outre-Manche, la chaîne Sky 3D leur avait consacré un film. Et Alexandre Ritier de conclure : « Ce monde fascine toujours car les progrès techniques n’en sont qu’à leurs débuts : 3D, réalité augmentée… »