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De l’ambre farci au dinosaure : c’est Noël !

December 30 , 2016:

by Le Dinoblog

Difficile d’être passé à côté de cette histoire fort médiatisée : la queue ornée de plumes d’un petit dinosaure carnivore a été découverte par des chercheurs chinois dans un morceau d’ambre birman vieux d’une centaine de millions d’années. On connaissait déjà des plumes dans l’ambre, sans pouvoir certifier qu’il s’agît de plumes d’oiseaux ou de dinosaures non-aviens. On connaît aussi des plumes de dinosaures carnivores fossilisées de manière plus traditionnelle, donc déformées et compressées dans des roches sédimentaires. Mais une queue de dinosaure dans de l’ambre, doux Jésus !

Comment donc un tout petit dinosaure a-t-il pu être assez négligent pour abandonner un tout petit bout de sa queue (3 cm et 8 vertèbres) dans une goutte de résine vous êtes-vous demandé ? C’est qu’il était mort, le pauvret, tout ce qu’il y a de plus mort, et même sans doute un peu desséché et démembré par une colonie de fourmis qui peut-être le transportait pièce par pièce vers son nid. Et au passage sous une branche de Metasequoia (ou d’araucariacée, enquête en court) paf ! la goutte de résine qui tombe sur les fourmis dinophores et emballe tout ce petit monde pour une quasi-éternité…

Invraisemblable scénario qui a pourtant de bonnes chances d’être vrai. Le petit morceau d’ambre de l’état Kachin, dans le nord de la Birmanie, d’où provient cette petite merveille est aussi rempli de fourmis ! D’ailleurs nos amis les entomologistes s’indignent fort (voir ici) que la présence de magnifiques fourmis du genre Gerontoformica soit passée sous silence par les médias et les commentateurs, et ronchonnent contre l’importance excessive accordée à ce petit bout de queue de dinosaure alors que les fourmis tout le monde s’en fout. Et ben oui les gars, les fourmis tout le monde s’en fout.

Alors l’ambre suscite évidemment tous les fantasmes depuis Jurassic Park. Rappelons que dans ce film des savants fous ressuscitent des dinosaures en extrayant leur sang conservé dans le corps d’insectes piqueurs mésozoïques préservés dans de l’ambre. De ces gouttes de sang ils extraient de l’ADN, réalisent un petit bricolage génétique derrière et hop ! Voilà un bébé T. rex… Alors on se dit que si c’est tout un morceau de dinosaure qui est conservé (ici un morceau de queue) le bricolage n’en sera que plus aisé. Que nenni ! Car au-delà de nos fantasmes que trouve-t-on vraiment dans ces jolis petits morceaux d’ambre plein d’insectes, mais aussi de micro-organismes ? De magnifiques empreintes en trois dimensions, certes, mais l’intérieur est en général vide ou rempli de sédiment. Quant à l’ADN, pour citer un expert ès petites choses de l’ambre : « de nombreux travaux convergent pour dire qu’il ne semble pas possible de préserver de l’ADN plus de quelques centaines de milliers d’années, et seulement dans des conditions très particulière (à l’abri de toute source lumineuse et dans des conditions de grand froid comme dans les permafrosts de Sibérie). » Et les différents travaux ayant annoncé depuis une vingtaine d’années la découverte d’ADN dans l’ambre seraient tous liés à des contaminations récentes par des bactéries… Snif, le dinosaure birman n’est pas près de se retrouver cloné au zoo de Yangon…

Car si sa préservation est magnifique comme il se doit avec une conservation inégalée des détails de la morphologie des plumes, l’intérieur de la queue n’existe plus, dissoute depuis longtemps et remplacée par un sédiment argileux. Même les os ne sont plus que des fantômes extrêmement difficiles à reconnaître (le CTscan n’est pas parvenu à effectuer une « dissection » ostéologique virtuelle), et le dinosaure n’est d’ailleurs que très vaguement identifié. Il s’agirait d’un théropode non-avien puisque le seul caractère ostéologique observable (la partie ventrale de deux vertèbres semble concave) permettrait d’exclure les oiseaux à queue (comme la morphologie assez primitive des plumes). Rappelons ici que les oiseaux d’aujourd’hui et la plupart de leurs parents mésozoïques n’ont pas de queue, les malheureux : leurs quelques vertèbres caudales soudées constituent ce que l’on appelle joliment le pygostyle, ou si vous préférez l’os du croupion. Oui, à l’extrémité de la volaille de Noël ne manquez pas la dissection de ce vestige de la queue des dinosaures ! Mais chez certains oiseaux anciens très primitifs, il y a encore une queue, du moins chez Jeholornis et Archaeopteryx. Je suis allé voir ces queues pour me faire une idée, et il est difficile d’affirmer, sur la base de son anatomie, que le bout de queue birmane ne pourrait appartenir à un animal comme Jeholornis, ce que les auteurs admettent d’ailleurs. Donc oiseau ou dinosaure non-avien, la question reste au moins entrouverte ! Mais en cette période de fêtes il serait inopportun de se lancer dans une longue réponse oiseuse à cette question existentielle : qu’est-ce qu’un oiseau, bordel ?

Alors c’est très joli et très frustrant, car pour résumer à ma façon la réaction d’un sympathique paléontologue américain sur Twitter, quel dommage que ce soit la partie la moins bandante d’un dinosaure qui se retrouve ainsi conservée, un pauvre tronçon de queue ! Imaginez si c’avait été la tête de la bestiole préservée en 3D ! Ce n’est pas impossible, certains morceaux d’ambre fossile font plusieurs dizaines de centimètres de diamètre, et de toute façon la tête de ce minuscule dinosaure ne devait mesurer que quelques centimètres de long. C’est d’autant moins impossible que fut d’ailleurs aussi décrit cette année, en provenance du même ambre birman, tout un assortiment de lézards extraordinairement conservés (l’article est consultable ici). Mais ça avait évidemment fait moins de bruit que la queue du dinosaure. Rassurons les myrmécologues, les lézards aussi, tout le monde s’en fout…

Le Kachin sera-t-il le nouveau Liaoning avec un cortège de découvertes plus incroyables les unes que les autres ? Affaire à suivre.

Références :

Xing, L.D., McKellar, R.C., Xu, X., Li, G., Bai, M., Persons, W.S.IV., Miyashita, T., Benton, M.J., Zhang, J.P., Wolfe, A.P., Yi, Q.R., Tseng, K.W., Ran, H., Currie, P.J., 2016. A feathered dinosaur tail with primitive plumage trapped in mid-Cretaceous amber. Current Biology 26. DOI: 10.1016/j.cub.2016.10.008

Girard, V. 2010. Microcénoses des ambres médio-crétacés français. Taphonomie, systématique, paléoécologie et reconstitution du paléoenvironnement. Mémoires Géosciences Rennes, 134.

http://www.dinosauria.org/blog/2016/12/23/de-lambre-farci-au-dinosaure-cest-noel/


 



 
             
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